Situé dans la commune de Linac,

à dix kilomètres au nord est de Figeac,

le château de Puy Launay, d'une hauteur de 19 m,

se dresse sur une colline en forme d'éperon dominant à l'Ouest,

la vallée du Berbezou .

 

 

 

Il déploie son architecture austère et puissante depuis la seconde moitié du XVème siècle sur des terres qui étaient l'apanage des abbés d 'Aurillac.

C'est une très belle demeure ancestrale de trois étages flanquée

de deux tours rondes,

datant en partie des XIème, XVème et XVIIème siècles,

inscrit à l'inventaire des monuments historiques le 30 mai 1989.

Si l'on ignore les origines du nom de ce domaine,

on sait qu'il a évolué au cours des siècles. Figurant sous le vocable de

« Puech Léonès »  dans une reconnaissance faite en 1279,

puis il est dénommé « Puech Launès » dans un dénombrement de 1504 ;  le Puech deviendra le Puy et au XXème siècle, Launès fera place à Launay.


I l a bien été édifié au Moyen Age mais l'on n'est pas en mesure d'en préciser la date.

Tout ce que l'on sait, c'est qu'en 1440, un de ses propriétaires, le sieur Eustache de Narbonnès, a fait aménager le château existant pour en améliorer la défense en raison de la présence de bandes mercenaires en Quercy.

 

A cet effet, il fit « surélever la tour de 4 mètres environ en bâtissant à chaux et à sable, aménager dans la nouvelle muraille de la cour deux fenêtres à double meneau, quatre archères,et deux latrines, déplacer la porte et la renforcer ».

 

Ces informations donnent à penser qu'à l'époque, il n'y avait qu'une seule tour, celle quadrangulaire où s'élève l'escalier et située au Nord Ouest.

 

Quant aux deux tours rondes situées au Sud, on ignore la date de leur construction ; toutefois, l'on peut assurer qu'elles existaient la veille de la Révolution puisqu'en exécution

d'un arrêté département du Lot et Garonne du 23 Vendémiaire an II, rendu commun au département du Lot, M. de Palhasse dut « faire abattre les créneaux couronnant le château et araser les tours au niveau du toit du bâtiment principal » ;

il s'agissait de faire disparaître les monuments de la féodalité !

Il semble qu'aucune importante modification n'ait été apportée

 depuis cette époque ; c'est donc ce château mutilé par la Révolution

 que nous allons découvrir.

Ce château comporte deux grands bâtiments rectangulaires accolés par leurs grands côtés d'inégale longueur ;

les petits côtés exposés au midi sont sur un même plan et flanqués de deux tours rondes arasées sous la Révolution ;

les petits côtés du Nord n'étant pas sur le même plan, l'angle rentrant a été utilisé pour l'aménagement de la tour carrée surélevée en 1440 et arasée sous la Révolution.

C'est dans cette tour que se trouve l'escalier donnant accès aux divers niveaux.

L'intérieur du château a conservé certains caractères d'antan ; ainsi, on trouve des plafonds à poutrelles apparentes dans la plupart des pièces.

 

La distribution des pièces se répète aux divers niveaux

avec une très grande salle exposée à l'Est et contiguë à quatre salles moins importantes.

Au rez de chaussée,

la grande pièce est occupée par une belle cuisine dotée d'une cheminée ancienne

assez vaste pour faire griller une grosse pièce de gibier

et rappelant le caractère ancestral que l'on a coutume de rencontrer

dans les plus grands châteaux.

Au 1er étage, se trouve un salon ouvert sur le Nord et l'Est,

dont les murs sont ornés de portraits des ancêtres

et dont les meubles donnent un caractère intime à cette pièce.

 

La majestueuse salle à manger occupe plus de la moitié du côté Est du château.

C'est la plus belle salle de la demeure avec sa belle cheminée

dont le manteau sculpté porte au centre l'écusson « de gueules à une tour d'argent » reproduisant les armes de la famille des Narbonnès.

Toutes les chambres sont meublées avec goût,

chacune ayant son originalité, son style, chaque lit ayant son ciel approprié.

 

 


LE SAVIEZ-VOUS ?

A noter la salle François 1er,

ainsi nommée en souvenir de la nuit

qu'y passa le grand roi et où se dresse un lit Henri II

 

surmonté d'un magnifique baldaquin.

 

Avant de quitter cette belle demeure,

nous devons marquer l'arrêt dans les combles pour admirer la remarquable charpente

 dont la conception originale (coque de navire renversée)

permet une ventilation constante favorable à sa bonne conservation.

Le premier seigneur connu s'appelait Guignabert ;

il est, en effet, établi que, dès 1279,

Rigal Guignabert possédait cette seigneurie

qui échut vers la fin du XIVème siècle à une famille noble

 du nom de Rabassier.

 

En 1438, le mariage de Marie Rabassier à Eustache de Narbonnès

 fit entrer le domaine dans la famille des Narbonnès, puissante à l'époque,

 et qui conserva la seigneurie près de 170 ans. Ainsi, successivement,

Eustache 1er, puis Eustache II, suivis de Balthazard 1er et Balthazard II

furent seigneurs de Puy Launay.

Mais ce patrimoine souffrit du caractère violent et possessif

de Balthazard II.

 Celui-ci ne put s'entendre d'abord avec son frère François au sujet de leurs droits respectifs dans les successions de leur père et mère.

 Aussi, lorsque son fils aîné Jean, héritier universel, se maria

 le 22 juin 1568 avec Jeanne de Luzerche, il demanda et obtint que la dot serait consacrée au rachat des terres vendues par son père.

Et, en 1569, lorsque Balthazard II décéda,

 une grande partie des biens avaient été rachetés .

Jean de Narbonnès décéda sans laisser de postérité en 1602. Dès le 6 Janvier 1603, Jeanne de Luzerche se dit « sa veuve et héritière ».

 

L'année suivante, elle se remaria avec Louis François de Lostanges.

 Cette dernière famille ne conserva pas longtemps les terres de Puy Launay

 car les sœurs de Jean de Narbonnès réclamèrent à Jeanne, héritière de son premier mari, « leur légitime et supplément de légitime dans la succession de leur père ».

 

Après une série de transactions et de procès, un accord intervint en 1607 et entraîna le démembrement de la seigneurie de Puy Launay.

Une partie désignée sous le nom de fief de Lostanges échut à Jeanne de Luzech et le château revint à Balthazart de Cadrieu, fils de Jeanne de Narbonnès, sœur de Jean.

C'est ainsi que le château sortit de la famille des Narbonnès pour entrer dans celle des Cadrieu, où il ne resta d'ailleurs pas longtemps puisque Marc de Cadrieu, petit fils du premier , le vendit en 1658 à Guillaume de Dumas, Conseiller du Roi, lequel avait acheté quelques années auparavant le domaine de Lostanges. Ainsi se trouvait reconstitué le domaine démembré en 1607.

Celui-ci échut alors à la famille Dufort-Boissières jusqu'en 1786. A la mort du nouveau propriétaire, Etienne de Pailhasse, une vente judiciaire du domaine eut lieu et la vente de la propriété en lots s'échelonna sur plusieurs années. C'est dans ces conditions que Pierre Bel acheta le château en 1834.

Son acquisition ne comprenait pas plus de 2 hectares.

 Depuis cette date, le château a toujours été transmis par succession.

 Il échut d'abord à Louis Antoine Sirieys,

puis au Docteur Auguste Reygasse.

A la mort de ce dernier ce fut sa fille Marcelle qui hérita.

A sa mort , en 1977, ses cousins, Jacqueline et Jean-René Besse,

 tous deux issus de la famille Murat de Labastide, prirent en charge le château.

En 2014, le château change de propriétaire.

Jacqueline Besse, veuve depuis quelques années, se résout à vendre ce bien de famille qui sera habité à l’année et va bénéficier d’une 2eme jeunesse.